L'interview | Isabel Mestres

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Comment présenteriez-vous votre organisation en quelques mots ? En quoi consiste votre fonction? Quel est votre objectif?

La fondation City Cancer Challenge, ou C/Can, soutient les efforts des villes du monde entier pour améliorer l'accès équitable à des soins de qualité contre le cancer. Nous sommes actifs dans 14 villes et nous collaborons avec de nombreuses parties prenantes locales, régionales et mondiales pour identifier et combler les lacunes des systèmes de santé dans les pays à revenu faible et intermédiaire (PRFI). 

Notre méthodologie consiste à favorise le pouvoir décisionnel des collectivités et à soutenir les capacités locales. Nous cherchons toujours à amplifier ces initiatives, afin de renforcer les systèmes de santé nationaux. Les parties prenantes dans les villes partenaires travaillent en étroite collaboration pour assurer une gestion plus efficace des capacités et des ressources financières, afin de garantir l'accès à des soins de qualité sur la durée.

En tant que directrice de C/Can, je suis fière de faire partie de la fondation depuis sa création en 2017 par l'Union internationale contre le cancer (UICC). 
 

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Parmi la concentration d'acteurs à Genève (OI, ONG, missions permanentes, universités et secteur privé), avec qui travaillez-vous et comment?

Nous sommes fiers du caractère multisectoriel de notre fondation. Nous travaillons avec de nombreux partenaires différents: secteur privé, universités, agences de l'ONU, autorités sanitaires locales, ministères de la Santé... Cette diversité garantit la pérennité de notre action et permet à C/Can de servir d'interface neutre, où toutes les parties prenantes ont voix au chapitre. 

Nous sommes également reconnaissants d’avoir pu créer des relations fortes avec de nombreux acteurs basés en Suisse, dont l'Organisation mondiale de la santé, Roche et Novartis. Nous avons également commencé à travailler avec l'ambassade de Suisse en Géorgie sur un projet de financement de la santé à Tbilissi. 
 

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Quelles sont les forces et les faiblesses de Genève en ce qui concerne le développement de votre activité?

C'est une chance extraordinaire de faire partie de la communauté des acteurs du développement international à Genève. Notre présence au sein de ce pôle majeur pour la santé mondiale nous permet de bénéficier d’opportunités de partenariat et de collaboration uniques. 

Cela dit, à Genève j'ai parfois l'impression d’être un peu déconnectée des réalités sur le terrain. Il est donc essentiel de se rendre sur le terrain le plus souvent possible. Nous avons une petite équipe en Suisse dont le rôle est de soutenir nos équipes autour du monde. 

Ce serait génial de pouvoir disposer de plus d'opportunités pour rencontrer et tisser des liens avec des institutions à Genève actives dans la santé – ou dans d'autres domaines, tels que les technologies numériques ou la recherche universitaire – et qui voudraient soutenir des missions dans des pays à revenu faible et intermédiaire. 
 

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A quoi devrait ressembler la gouvernance mondiale dans 20 à 30 ans?

La réponse est très simple : plus d’écoute !  Nous devons écouter les parties prenantes locales, car ce sont elles qui détiennent le vrai savoir. Au niveau international, on cherche souvent des solutions ambitieuses qui permettraient de résoudre tous les problèmes, alors que des solutions existent déjà.

Les parties prenantes au niveau local ont des solutions qui marchent : notre rôle est de les écouter, de les comprendre et de les aider à accélérer la mise en œuvre de ces solutions à une plus large échelle. 

D’ici 20 ou 30 ans, ce sera trop tard. Il faut s’y mettre dès maintenant ! 
 

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Quelle question auriez-vous aimé que l'on vous pose? Et qu'est-ce qui vous empêche de dormir la nuit ?

J'aurais aimé qu'on me demande pourquoi 70 % des décès par cancer surviennent dans des PRFI ? et que pouvons-nous faire pour réduire l'écart dans l’accès aux soins ? 

Ce qui m'empêche de dormir la nuit c'est le fait que tant de personnes meurent du cancer dans les PRFI alors que des traitements sont disponibles dans les pays à revenu élevé. Aujourd’hui, on est capable de prévenir certains cancers, alors que d'autres, comme le cancer du sein, ne sont plus une fatalité, à condition d'être détecté tôt. Mais selon où vous êtes né, vous n’avez tout simplement pas accès à ces soins. N'est-ce pas là une crise humanitaire ?


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