L'interview | Ronald Lavater
Comment présenteriez-vous votre organisation en quelques mots? En quoi consiste votre fonction? Quel est votre objectif? |
La Fédération internationale des hôpitaux (FIH) est une organisation non gouvernementale qui existe depuis plus de 90 ans. Elle représente des organisations de soins de santé et promeut les meilleures normes de gestion pour les hôpitaux et pour les institutions de soins de santé. Nous réunissons des représentants de plus de 100 organisations et, par ce biais, nous sommes en lien avec plus de 20'000 hôpitaux et organisations actives dans les soins de santé.
En tant que directeur, mon travail consiste essentiellement à assurer le rayonnement de la FIH, augmenter le nombre de nos membres, et développer nos partenariats stratégiques. Je me focalise plus particulièrement sur la création de valeur pour nos membres, la défense de leurs intérêts, l’affectation de ressources aux domaines prioritaires pour eux, et la promotion de l'impact de nos activités. J’ai aussi à cœur de développer le rôle de la FIH, afin de permettre aux dirigeants d'hôpitaux de se rencontrer et de mieux affronter ensemble les défis à venir.
Mon objectif est de réaliser la vision de la FIH : des collectivités en bonne santé, prises en charge par des hôpitaux bien gérés et des services sanitaires qui permettent à chacun d'atteindre son potentiel santé, partout dans le monde. Je consacre la plupart de mon temps et de mon énergie à soutenir nos actions dans le domaine de l'échange des connaissances et des bonnes pratiques, ainsi que la collaboration internationale. Le fil rouge, c’est la notion d'excellence dans la gestion hospitalière.
Parmi la concentration d'acteurs à Genève (OI, ONG, missions permanentes, universités et secteur privé), avec qui travaillez-vous et comment? |
Les partenariats sont un élément central de notre action. Que ce soit de manière bilatérale ou au sein de grands réseaux, la collaboration avec les parties prenantes permet d'assurer que la voix de nos membres parvient aux instances sanitaires internationales.
Nous avons pour partenaires des organisations à but non lucratif, des ONG, des associations internationales et des entreprises.
Nous sommes ravis d'entretenir des relations officielles avec l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) avec qui nous avons mené à bien de nombreuses collaborations au cours de notre histoire. Au fil des ans, la FIH a participé à plusieurs initiatives importantes au siège ou dans les bureaux régionaux de l'OMS : nous représentons la voix des hôpitaux, nous plaidons pour la professionnalisation de la gestion et de la direction hospitalière et nous participons à diverses études et initiatives.
Nous sommes membres de l'initiative « Les soins de santé en danger » lancée par la Croix-Rouge internationale (CICR) et nous sommes partenaires, avec cinq autres ONG, du Consensus Framework for Ethical Collaboration (Cadre consensuel pour une collaboration éthique).
Nous participons également aux événements et aux activités de nos partenaires et nous co-organisons des événements avec des associations « sœurs », à l’instar de la conférence virtuelle « Le bien-être du personnel hospitalier, ça compte » en collaboration avec la Société internationale pour la qualité des soins de santé (ISQua).
Quelles sont les forces et les faiblesses de Genève en ce qui concerne le développement de votre activité? |
LA FIH est fière d'avoir son siège à Genève et de faire partie de la « Genève internationale » et de son écosystème d'ONG actifs dans la santé, ainsi que d'autres acteurs.
Pour toute organisation à vocation internationale, Genève est un lieu privilégié. La présence de nombreuses grandes ONG et d’organisations internationales contribue à créer un environnement stimulant et dynamique. Alors que notre environnement de travail devient de plus en digitalisé, il est toujours très utile de pouvoir se rencontrer en personne pour nouer des partenariats ou des collaborations. La présence à Genève d'autant d'organisations actives dans la santé, dont l'OMS, le CICR, le Conseil international des infirmières (CII) et l'Association médicale mondiale (AMM), a également l'avantage de faciliter le dialogue et les initiatives transversales, ce qui assure une approche holistique des soins de santé.
Un autre plus, c'est que Genève est une ville profondément internationale. Les ONG attirent des collaborateurs du monde entier. Certains considèrent Genève comme un village, d'autres comme une ville, mais tous apprécient sa diversité. Au quotidien, cela nous rappelle que nous travaillons pour le bien du monde entier.
L'un des désavantages de cette concentration élevée d'ONG est qu'il est parfois difficile de se faire connaître: nous sommes parfois un peu dans l’ombre de nos grands voisins. Cependant, alors que la FIH se prépare à fêter son centenaire dans quelques années, je suis convaincu que la pertinence de notre mission saura résister à l'épreuve du temps.
A quoi devrait ressembler la gouvernance mondiale dans 20 à 30 ans? |
Pour moi, les principes de bonne gouvernance – à l'échelle d'un Etat, d'une région ou d'une organisation – seront les mêmes dans 20 ans qu’aujourd’hui. La gouvernance doit être un vrai dialogue, caractérisé par un engagement fort de toutes les parties et une communication claire et cohérente.
Nous vivons dans un monde où l'on peut partager son point de vue sur une expérience ou une situation de manière instantanée avec le monde entier. Bien communiquer est donc plus important que jamais, ce qui implique de prioriser la transparence et de la responsabilité dans la gestion organisationnelle, qu'il s'agisse d'une entreprise ou d'une ONG. L'engagement militant, les enjeux locaux peuvent rapidement se transformer en sujets de préoccupation à l'échelle planétaire. Cela influencera sans doute la gouvernance du futur.
Le COVID-19 a également fait évoluer nos priorités. Il est certain que certaines organisations ont mieux géré la pandémie que d'autres et que la résilience et l'agilité ont été des éléments vitaux en termes de leadership. Pour ce qui est de la gouvernance d'organisations actives dans les soins de santé, la résilience et l'agilité devraient être parmi les principales compétences exigées des dirigeants, tout comme la durabilité et l'inclusivité.